Femmes
Cristèle Alves Meira : ‘Alma Viva’, des tabous mis à nu
Son dernier film Alma Viva», sera en exhibition à partir de 2022
Published
3 years agoon
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Alice Barros
Actrice, réalisatrice et scénariste, son premier long-métrage «ALMA VIVA» sortira en salle le 3 novembre 2022 au Portugal, puis sur la chaine de télévision portugaise RTP et le 15 mars 2023 dans les salles en France.
Née à Montreuil, une ville de la banlieue Est de Paris, de parents portugais immigrés, qui ont tous deux conservé un lien fort avec leur village de naissance au Portugal, Cristèle a fréquenté un lycée à Paris et a toujours voulu faire du théâtre. C’est à ce moment-là qu’elle prend conscience de sa double identité. À l’âge de dix-neuf ans, elle signe sa première mise en scène au théâtre avec son prénom portugais sans le “H” et avec un seul “L” : Cristèle.
“On était dans les années 90 et je ressentais mes origines portugaises comme un tabou, je ne sais pas si c’était de la honte, de l’ignorance ou de la pudeur. Le Portugal était alors perçu comme un pays pauvre”.
Cristèle, parle-nous de tes origines…
Mon enfance a été partagé entre ma vie au sein de la famille avec ses habitudes et ses traditions “à la portugaise” et ma vie au sein de l’école française semblable à tous les jeunes de mon âge. Pendant des années, j’ai vécu avec deux réalités, un pied dans chaque monde, les traditions portugaises à la maison et la culture française à l’école. C’est aussi l’histoire de beaucoup de jeunes à travers le monde ayant des parents qui ne vivent pas dans leur pays natal. Ce qui me semble aujourd’hui faire ma richesse était à l’époque plus difficile à assumer. On était dans les années 90 et je ressentais ma nationalité portugaise comme un tabou, je ne sais pas si c’était de la honte, de l’ignorance ou de la pudeur. Le Portugal était alors perçu comme un pays pauvre. J’ai commencé à assumer mes racines portugaises plus tard avec un premier film documentaire tourné au Cap-Vert puis un second en Angola. J’avais besoin de renouer avec mes origines en passant par son histoire coloniale. Mon père a fui le Portugal pour échapper à la guerre coloniale. En allant au Cap-Vert et en Angola, je rejouais inconsciemment avec un non-dit familial. Parce que ça n’a jamais été simple pour mon père d’assumer cette émigration contrainte. Mes parents ont quitté leur pays à cause d’un régime dictatorial très rigide et des conditions de vie extrêmement précaire, ils n’avaient pas le choix.

Quelle a été ta motivation pour suivre un parcours aussi inhabituel à l’époque, surtout pour une jeune lusodescendante ?
J’ai découvert très tôt, je ne sais pas pourquoi, une fibre artistique en moi. Non pas parce que j’étais entourée d’artistes dans ma famille ! Car il n’y en avait aucun. Ni grâce au niveau intellectuel à la maison, puisqu’il n’y avait même pas de livres, bien qu’il y ait eu une certaine ascension sociale puisque mon père a plutôt bien réussi sa vie. Mais sans savoir en expliquer les causes, j’adorais enfant faire des spectacles à la maison et à l’école, j’inventais des situations, des histoires, j’embarquais mes copines, ma soeur et mes cousins dans la mise en scène de spectacles qu’on jouait devant la famille ou à la kermesse de l’école. J’ai gardé de très beaux souvenirs de cette époque ! C’est ainsi qu’à l’âge de dix-neuf ans, j’ai fait ma première mise en scène au théâtre à l’université Paris X Nanterre. Alors que je travaillais à la mise en page de l’affiche du spectacle, je me suis rendue compte que l’orthographe exacte de mon nom sur mes papiers d’identité n’était pas le même que celui qu’on m’avait appris à l’école. Mon prénom avait été enregistré à l’état-civil sous l’orthographe “Cristèle” alors qu’à l’école on m’avait appris à l’écrire “Christel”. J’ai alors compris que mes parents avait choisis un prénom français dans un souci d’intégration mais qu’ils l’avaient écrit comme ça se prononce sans chercher à vérifier l’orthographe français du prénom. J’ai trouvé cette anecdote très touchante, c’était une façon pour moi de prendre conscience de ma propre histoire et de mon identité. J’ai aussi découvert sur ma pièce d’identité portugaise que mon nom complet comportait
“Alves”, un héritage de ma mère. Dès lors, j’ai commencé à écrire mon nom en entier “Alves Meira” dans un désir d’assumer les consonances portugaises de mes origines, j’avais alors l’intuition que ma double culture était une force.
Quelles études ou formation as-tu suivies ?
À l’âge de treize ans, j’ai dit à mes parents que je voulais faire du théâtre sur les conseils de mon professeur de français. J’étais mineure mais mon père a accepté. J’ai quitté Montreuil pour un lycée parisien où j’ai obtenu un Bac littéraire spécialité théâtre. Dès lors, j’ai commencé à fréquenter d’autres catégories sociales et à pouvoir m’exprimer dans le domaine théâtral. Puis, j’ai fait cinq ans d’études universitaires en Arts du Spectacle cinéma et théâtre. Mes parents ne comprenaient pas très bien quelles étaient mes études et ce que je voulais faire, il n’avait jamais vraiment mis les pieds au théâtre. Mais ils voyaient bien que j’étais très motivée et je que travaillais beaucoup alors malgré leurs craintes, ils ont continué à me vouer un appui inconditionnel. Leur soutien m’a permis d’augmenter ma confiance en moi et de grandir dans ce que j’étais en train de découvrir et de construire. Mon père qui avait alors une entreprise de maçonnerie (comme beaucoup de portugais !) n’a jamais hésité à m’aider dans la construction des décors de mes pièces de théâtre. Il me prêtait du matériel et mettait son camion à disposition pour transporter les décors d’un théâtre à un autre, c’était une aide très précieuse vu l’économie précaire dans laquelle j’ai créé mes premiers spectacles.

Comment s’est déroulé le passage du théâtre au cinéma ? Quelles ont été alors tes influences ?
Ce qui m’a motivé à me lancer dans le cinéma c’est d’abord ce besoin de renouer avec la question de mes origines. Mes spectacles ont été plutôt bien reçu, je commençais à avoir un début de carrière intéressante au théâtre mais la réalité économique qui a commencé à peser sur moi. J’avais créé ma propre compagnie et en plus de l’aspect artistique, je devais gérer la production de mes spectacles et c’est cela qui m’a épuisé au bout d’un moment. Ce n’est pas tant que je cherchais à gagner beaucoup d’argent car je crois vraiment que les contraintes sont un moteur dans l’acte créatif. D’ailleurs si jamais un jour on me donne beaucoup d’argent pour faire un film (ce qui est peu probable !), je me méfierais. Je crois que trop de confort peut être une entrave à la créativité. Mais alors pourquoi le cinéma plus que le théâtre ? Sans doute pour laisser une trace, capter à tout jamais un moment, des décors, des visages. Le spectacle vivant est un art éphémère et de l’instant, la représentation dépend de cette communion entre les acteurs et le public et chaque soir le spectacle est différent. Alors que le cinéma capte un instant pour l’éternité, il a le pouvoir de transcender le temps. Le film une fois terminée est chargée du sens que chacun veut bien lui prêter. Et au fil du temps, il se révèle être encore autre chose.
La pandémie en est-elle venue à hypothéquer l’avenir du cinéma et des arts visuels? Comment penses-tu que le monde du spectacle va passer cette phase? Quels types de films cette crise peut-elle créer?
La pandémie a bouleversé nos vies et le monde. Pendant le premier confinement en mars 2020, j’ai écrit un court-métrage “TCHAU TCHAU” dans l’urgence de cette situation inédite. Je lisais la presse chaque jour avec ce décompte macabre quotidien et j’ai été très émue de voir ces familles coupées de leur malade et de leur défunt. Il était alors interdit de se réunir pour enterrer nos morts. D’un point de vue anthropologique, je pense que cela n’était jamais arrivé dans l’histoire de l’humanité. Le rituel de la mort est un acte primordial dans toutes les civilisations. C’est un arrachement très violent de l’interdire pour ceux qui restent, ça rend le deuil impossible. Mes parents étaient alors confinés au Brésil et les aéroports avaient été fermé, ils ne pouvaient donc pas rentrer en Europe. J’ai eu très peur de la mort de mes proches à ce moment-là. Et puis, il y a eu le décès d’une amie de mes parents d’origine portugaise immigrée en France. Comme les frontières étaient fermées, son corps n’a pas pu être transporté dans son village natal au Portugal comme le souhaitait sa famille. Sa dépouille est restée pendant des semaines dans les salles réfrigérées de Rungis, le plus grand marché international d’Europe, affectées exceptionnellement à devenir des chambres mortuaires aux vues du grands nombres de défunts immigrés en attente d’asile. Il est très courant chez les immigrés de vouloir reposer dans leur village natal au moment de leur mort, ce retour avait alors été rendu impossible. Je me suis inspirée de cette réalité-là pour faire mon film. Il me semblait important que ça reste inscrit quelque part. En fait, juste avant le premier confinement, je m’apprêtais à aller tourner au Portugal mon long-métrage “ALMA VIVA” mais le COVID a tout arrêter. Nous avons dû repousser le tournage d’un an. Sur le coup, ça a été dur car j’attendais avec impatience ce moment de tourner mon film. Ça faisait des années que j’écrivais. Mais cette pandémie ne dépendait pas de moi, je n’avais donc pas le choix que de m’adapter et d’accepter. J’en ai donc profité pour réaliser ‘TCHAU TCHAU’ avec Lua Michel (ma fille) qui devait jouer le rôle principal dans le long-métrage. Une façon de la familiariser avec le thème du deuil présent dans les deux films et de vivre une expérience de travail en famille.

Tes créations sont le reflet de toi-même, de ton vécu?
Oui bien sûr. D’ailleurs, c’est plutôt fréquent dans le domaine artistique de voir les auteurs s’inspirer de l’actualité ou de leurs propres expériences. Dans mon cas, lorsque j’écris une histoire, je sens bien que je convoque une part de mon inconscient, des mémoires invisibles qui me viennent de loin et que de façon indirecte ça m’aide à dépasser certains traumatismes. Parfois quand j’écris, j’ai la sensation que ce sont mes propres fantômes qui parlent à ma place. Je pense que tous les auteurs passent par une phase psychédélique dans laquelle les personnages de leurs œuvres viennent leur parler. La fiction est alors comme un révélateur des manques, des absents, des hors-champs que génèrent la réalité, elle vient combler les vides. Il est vrai que cette pandémie m’a aidé à donner un sens différent à mon travail. Avant, j’avais l’impression que faire des films ou des spectacles ne servait pas à grand-chose. J’avais une image négative de l’artiste tourné sur lui-même en comparaison avec d’autres métiers plus utiles à la société comme les infirmières ou les pompiers. J’avais juste le sentiment que je guérissais mes blessures par un travail plutôt égoïste sans signification collective et universelle. Mais je me trompais. Je me rends compte désormais, depuis la pandémie, de
l’importance de l’art et du récit dans nos vies. Le monde a besoin de mythe et d’histoires pour se représenter, pour échapper aux gravats de nos vies nous avons besoin de réveiller les mémoires enfouies et oubliés de notre histoire. La force de l’imaginaire et de la fiction est de nous reconnecter à nos sens, à nos émotions et d’effleurer l’invisible. C’est devenu nécessaire de reconnecter avec le merveilleux dans ce monde dégradé, tourné essentiellement vers le matériel, où tout n’est que chiffres et matière.
Quelles sont les principales difficultés dans ce secteur si concurrentiel?
Il y a bien sûr beaucoup de concurrences mais je ne me suis jamais sentie directement discriminée, ni au cinéma, ni au théâtre. Quand il y avait la présentation de saison dans les théâtres où j’étais programmé, j’étais toujours la seule metteure en scène femme de 25 ans. Les autres metteurs en scène étaient des hommes entre 40 et 50 ans. Il faut dire que j’étais un cas à part, dans ce milieu théâtral quelque peu élitiste et intellectuel. Je n’étais pas issue du même milieu socioculturel car en plus d’être une jeune femme, j’étais issue de l’immigration et j’avais grandis en banlieue. Mais, mon désir brûlant de m’exprimer a été plus fort que tout et j’ai trouvé fini par trouver ma place ! Dans le milieu du cinéma, c’est différent. Il est fréquent de voir des réalisateurs issus de classes sociales populaires, c’est même une force souvent dans les récits qu’ils apportent.
Quelle est ta principale source d’inspiration dans le cinéma ?
La naissance de l’idée, l’inspiration, c’est quelque chose de difficile à décrire, c’est comme un frémissement. Faut être en état d’alerte pour la saisir. Je passe beaucoup de temps à observer les gens qui m’entourent, à écouter la radio, à lire, à regarder des films, dans l’attente de ce moment où un détail va m’accrocher, créer une sensation chez moi, un intérêt particulier qui fera que je vais m’y intéresser chaque jour un peu plus au point de vouloir en faire un film. Et puis, si ça devient une obsession, que je suis stimulée chaque jour par cette idée, alors là seulement, je me dis que ça vaut réellement la peine. Que je suis prête à y consacrer plusieurs
années.

Comment vois-tu le cinéma portugais dans le monde ? Quelles sont les possibilités pour une construction lusophone ? Penses-tu qu’il pourrait y avoir une intégration luso-française ?
J’ai au début ressentie une certaine difficulté à être reconnu comme réalisatrice portugaise car mes films ont toujours été des coproductions entre la France et le Portugal à l’image de ma double nationalité. Lorsque mes films sont sélectionnés dans des Festivals ils peuvent autant être sous le drapeau français que portugais. C’est une richesse mais en même temps, ça rend plus difficile la question de savoir à quel pays on appartient. J’ai un pied au Portugal et un autre en France. Le cinéma portugais a vite reconnu mon travail et je compte aujourd’hui parmi les réalisatrices portugaises, je suis invitée à parler du cinéma portugais même si je ne vis pas au Portugal. Je me suis penchée dans mes films sur la question de l’immigration et de la
ruralité, j’ai posé un regard sur l’intérieur du pays à travers ma connaissance du terrain et mes retours annuelles au village pour les vacances. Les lusodescendants ont beaucoup d’histoires à raconter, il est temps qu’ils soient plus visibles sur les écrans de cinéma et qu’on cesse de les rattacher à certains clichés. Les portugais de France qui reviennent au Portugal sont mal perçu par ceux qui sont restés, il existe des rapports de force et des complexes au sein même des familles qui ont été divisé. C’est aussi de cela dont je parle dans “ALMA VIVA” avec une certaine frontalité, sans tabous, et avec un certain humour aussi.
Tu as brillé à Cannes et avec le film Héros invisible (Invisível herói), tu as remporté le prix du meilleur film européen, en plus d’être présélectionnée pour les César 2021. Qu’est-ce que cela fait d’être une réalisatrice dans les moments de gloire?
Je suis très heureuse de cette reconnaissance publique même si je ne fais pas des films pour recevoir des prix mais disons que c’est toujours encourageant de voir que ton film est bien reçu et qu’il touche le public. Pour faire du cinéma il faut avoir beaucoup de détermination et être capable de persévérer parce qu’il y a très peu de places. Beaucoup de gens courent après le pouvoir, la célébrité, la réussite. Personnellement, c’est un besoin viscéral que je ressens à chaque film, une vision qui devient une obsession et qui me motive à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour parvenir à la réaliser. J’embarque alors mon entourage dans cette folie. Parce que faire un film c’est une prise de risque énorme. Et ce que j’aime le plus c’est la phase de recherche, d’écriture, de tournage car une fois que le film est fini, je me sens presque inutile. Le film ne m’appartient plus, il devient une œuvre collective.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait faire carrière comme réalisatrice?
Je pense qu’il faut surtout croire dans ce que vous faites et dans vos propres choix. L’intuition et le lâcher-prise sont des outils importants, car si on pense trop au résultat, à ce que les gens vont penser du projet on se paralyse. Il faut être dans le faire, se lancer dans la fabrication, sur le terrain peu importe le résultat. N’importe quelle idée est bonne et mérite d’exister si elle a du sens pour vous, elle en aura pour les autres. C’est une question de persévérance et de confiance en son sujet. C’est sûr qu’en cour de route, on fait des erreurs, tant mieux ! Car c’est dans ces moment-là qu’on apprends le plus. Il n’y a pas de bons ou de mauvais collaborateurs ; il n’y a que des personnes qui traversent notre existence pour nous forcer à avancer, nous remettre en question et nous améliorer. On devrait toujours penser que ce qui nous arrive dans la vie est constructif. Et pour cela, il est indispensable de croire, d’avoir confiance dans la vie et dans ce que nous voulons accomplir. Je vous invite à lire les stoïciens, ils ont de bons outils pour parcourir la grande aventure qu’est la vie !
Dans tes films, essayes-tu de privilégier une vision du monde par un côté féminin?
Pas vraiment car je sens que j’ai en moi une part de masculin et de féminin. Je trouve que c’est très réducteur de laisser aux femmes la question de l’intuition et de la sensibilité et aux hommes de la violence ou du courage. C’est une façon très réductrice et schématique de vivre nos différences. Je suis pour la neutralité des genres. Il y a des hommes féminins et des femmes masculines. Dans la région de Trás-os-Montes d’où est originaire ma mère et où j’ai tourné la plupart de mes films, les femmes que j’ai filmées ont une force de caractère incroyable. Il est vrai que ce sont elles qui m’inspirent le plus, et qu’elles sont majoritaires dans “ALMA VIVA”. Le film est féministe naturellement sans être militant, il raconte l’émancipation des femmes sur plusieurs générations, des femmes qui osent transgresser l’ordre établit dans ces petits villages au Portugal soumis à un certain patriarcat.
Comment sera le demain pour toi? Quels sont tes projets futurs?
L’industrie du cinéma a été très affectée par le covid. Les gens vont de moins en moins dans les salles, ils préfèrent la facilité des plateformes et de la vidéo à la demande. La salle de cinéma est en danger c’est peu rassurant. Mais il faut continuer à y croire, et inventer de nouvelles façons de motiver les spectateurs à aller au cinéma.
Je vais continuer à faire des films, à raconter des histoires.
Crois-tu qu’il y a quelque chose de plus élevé qui peut influencer nos vies ?
Ce n’est jamais facile de définir de ce en quoi je crois. La croyance est un territoire intime et politique aussi, on continue d’être jugé pour ses croyances à travers le monde, des gens meurt à cause de ça… Ce qui est sûr, c’est que j’ai besoin de croire en mes projets, aux histoires que je raconte, aux personnes avec qui je travaille pour avancer. Pour écrire un film faut être capable de croire en la force de l’imaginaire, de croire aux relations fictives qu’on va poser sur une feuille. Un artiste est forcément un grand croyant. Quand je suis face à des situations de crises, je me dis toujours que ça faisait partie du plan, qu’il fallait que je passe par là pour mieux comprendre alors je cherche à transformer les choses pour qu’elles deviennent créatives.
“C’est la nuit qu’il fait beau de croire à la lumière”.
Dans le contexte du partage des tâches à la maison, comment concilier le fait d’être une mère, une épouse et ton travail ?
Ce n’est pas simple tous les jours, c’est une forte mobilisation de chaque instant. Mais je ne suis pas de celles qui ont programmé leur carrière pour s’épanouir personnellement, et qui font ensuite des enfants.
Non, je n’ai jamais fait cela et mes enfants ne m’ont jamais empêché de faire ce que je voulais. J’ai toujours trouvé le moyen pour qu’on soit ensemble et voyager avec eux partout. Par exemple, récemment, j’ai dû les emmener avec moi à Lisbonne pendant cinq jours parce que leur père était également occupé sur un autre projet.
Que signifie être heureuse pour toi ?
C’est vivre des choses simples comme être entouré de sa famille, jouer avec ses
enfants, se promener, partager un bon moment entre amis. Le bonheur se cache
dans des petites choses, il suffit de se contenter de ce qu’on a.

LE FILM
‘Alma Viva’ est un film ambitieux, développé sur plusieurs années, traitant d’un sujet rarement abordé au cinéma. Ancré dans une identité franco-portugaise, il suit le parcours hors norme d’une petite fille le temps d’un été. Le film parle de la croyance en l’invisible, du lien que nous entretenons avec nos morts, des légendes urbaines, le tout vu par une fillette pas comme les autres, dotée d’un don unique et fascinant, dans des paysages bruts, montagneux, incroyablement verts de la région du Nord- Est du Portugal, appelée Trás-os-montes, d’où vient la famille de la réalisatrice.
C’est l’été dans les montagnes au Portugal. Salomé, neuf ans, quitte la France pour passer ses vacances dans le village isolé de sa grand-mère adorée. Avec José, son voisin dont elle est secrètement amoureuse, elle profite de la douceur et de la liberté de la vie à la campagne. Le soir, en cachette avec sa tante, elle s’échappe au bal du village. Lorsque sa grand-mère décède brutalement le lendemain, Salomé s’aperçoit avec douleur qu’elle est possédée par l’esprit de celle-ci, qui règle ses comptes depuis l’au-delà. Prise dans la tourmente familiale des obsèques, et devant les regards méfiants des villageois qui l’accusent de sorcellerie, la petite fille tente désespérément de se libérer de ce troublant héritage. Après cet été, Salomé ne sera plus jamais la même.
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