INTERVIEW
Martinho da Vila : grande star de la samba brésilienne
Published
3 years agoon
By
Alice Barros
Dans une conversation pleine d’humour avant sa tournée en Europe, notamment à Paris, le 4 juin à La Cigale.

L’un des artistes brésiliens les plus emblématiques et plusieurs fois récompensé visite Paris lors de sa tournée en Europe. Le carioca qui depuis 1967 est l’une des voix les plus respectées de la samba brésilienne dont ses albums se sont vendu à des millions d’exemplaires, vient sur les scènes Mondiales, après la sortie de son nouveaux album “Mistura Homogênea” (Mélange Homogène), présenter son talent, riche d’une une carrière de plus de 50 ans.
Paris cosmopolite, ville de culture européenne, accueille ainsi un concert qui restera dans l’histoire de la ville et de la carrière du musicien qui porte avec lui l’histoire de la samba brésilienne.
Qu’est-ce qui vous a amené à la musique ? À quel âge avez-vous commencé ?
La musique est entrée dans ma vie comme ça, je ne sais pas quand, mais c’était depuis mon enfance. Puis j’ai commencé à faire quelques petites chansons… et j’ai participé à un festival de musique très important à la fin des années 70, à São Paulo, avec la chanson « Menina Moça » et c’est là que tout a commencé. Je n’ai pas commencé jeune, j’avais déjà la trentaine. A l’époque j’étais dans l’armée mais pas comme soldat, j’étais commis et comptable; c’était un sergent bureaucrate.
Qui vous a inspiré ?
Je n’avais personne comme guide, comme icône, parce que je ne pensais pas être chanteur. Je n’avais pas cette intention. Quand j’ai participé au festival, la maison de disques a aimé ma voix et m’a engagé. Puis j’ai enregistré le premier single : “Casa de Bamba” et c’était le plus gros tube du Brésil.
De tous les concerts que vous avez donnés, quel fut celui qui vous a le plus marqué ?
J’ai fait de nombreux concerts au Brésil et dans le monde. Je suis allé en France où j’ai chanté dans plusieurs salles. J’ai hâte d’aller à Paris. “J’aime beaucoup la France” comme disent les Français. Celui dans lequel je me suis sentit vraiment vivant c’était un spectacle que j’ai fait à l’Olímpia il y a longtemps. Ça a été super !
Quel a été le prix que vous avez plus aimé recevoir ?
J’ai eu de nombreux prix. Prix de carrière. Le plus récent était aux États-Unis, à Las Vegas : le prix d’excellence en musique qu’ils décernent à peu de personnes dans le monde. Ça s’est super bien passé ! j’aime tous les prix ! Par exemple, si je gagne un tout petit et que c’est le plus récent, c’est celui que je préfère !
Dans cette tournée, même si elle peut être fatigante, qu’est-ce que vous motive ?
Ce qui m’inspire, c’est l’envie de montrer de nouvelles musiques, de nouvelles formes, de nouvelles expressions corporelles… ça va être une bonne tournée ! Je serai en France, en Angleterre, en Allemagne et au Portugal. Ça sera très bien ! J’aime beaucoup le Portugal. J’aime beaucoup la cuisine portugaise. Mais quand je suis à Paris, j’aime aussi manger des plats français… boire du vin français ! J’ai déjà mangé quelque chose que les Brésiliens n’aiment pas manger : l’escargot !
Si vous n’étiez pas brésilien, quelle nationalité aimeriez-vous avoir?
J’aimerais être… je ne suis pas sûr… soit portugais, soit angolais. Moi aussi j’aimerais être français ! Parce que l’histoire de France m’enchante, la culture française… ce que j’aimerais vraiment être, c’est être français !
Quelle influence un artiste peut-il avoir sur une société ?
L’artiste a l’obligation d’émouvoir les gens avec son art, mais au bout d’un moment il a l’obligation d’amener la société, son public, à la réflexion ! J’aime vraiment faire ça ! Je suis très heureux quand je chante une chanson qui réfléchit et qu’il y a quelqu’un de sérieux qui regarde et écoute avec émotion, un autre qui sourit et un autre qui pleure. C’est très bien !
En ces temps troubles et cette précarité affective, quel message aimeriez-vous laisser ?
Le message qui me semble le plus important c’est l’espoir !
Personne ne peut perdre espoir même si les choses sont difficiles. Il faut être optimiste, penser que ça ira mieux ! « Canta, canta minha gente, deixa a tristeza para lá que a vida vai melhorar… ». Chantez ! Vous pouvez et devez chanter dans n’importe quelle situation, même dans la salle de bain ! La joie doit toujours être cultivée, toujours… toujours… toujours… vous ne pouvez pas perdre la joie ! Sans joie il n’y a pas de bonheur !
La musique occupe une grande partie de votre existence. Quelles sont vos autres passions ou centres d’intérêt ?
La musique prend totalement le contrôle de mon existence. Ce que j’aime vraiment faire, c’est être sur scène ! C’est où j’exerce mon physique, où je fais vibrer les gens. Je m’amuse et j’amuse aussi. La scène est un lieu magique où l’énergie s’échange. Je suis aussi écrivain. J’ai plusieurs livres publiés en France. J’aime toujours écrire. Je viens de sortir un nouveau livre de contes. J’aime les contes et les livres de poésie. J’en mets toujours sur ma table de chevet et avant de me coucher, j’aime lire une histoire courte. Le conte n’est généralement pas très long donc je le recommande toujours. Avant de se coucher, la lecture fait du bien.
Quel est le dernier livre que vous avez lu?
Le dernier était de Geraldo Carneiro, un poète brésilien très connu et un autre qui est Salgado Maranhão très intéressant et des anciens, je recommande l’un des plus grands écrivains du Brésil qui est Machado de Assis, il a un livre intitulé 50 Contos (contes) de Machado de Assis.
Si vous deviez choisir trois albums parmi tous ceux que vous possédez, lequel choisiriez-vous ?
Tout ce que j’ai fait me plaît ! Canta Canta minha gente de 74 est magnifique ! Il y en a un qui est assez différent, qui est Terreiro, Sala e Salão, qui parle de chants de carnaval, maintenant ce que j’aime beaucoup, c’est le plus récent « Mistura Homogénea ».
Quelle influence votre musique a-t-elle eu au fil des ans ?
J’ai été influencé par l’environnement dans lequel je vis. Je suis également très influencé par la musique folklorique brésilienne, la musique du Nord-Est et la musique du Sud. J’aime écouter beaucoup de musique, surtout musique instrumentale et même un opéra. J’y ai vu une fois à Paris un opéra de Pacini. Une beauté! j’ai vraiment apprécié.
Comment voyez-vous le Brésil contemporain ?
Le Brésil est dans une période de transition. C’est un peu déroutant… nous sommes dans une période de menaces contre la démocratie, mais ce ne sont que des menaces, ça n’arrivera pas. Nous aurons des élections en octobre et je crois que Lula sera à nouveau président. Je crois qu’il a été l’un des meilleurs présidents que nous ayons eu dans notre histoire, donc je pense que le Brésil se porte bien malgré les difficultés. Le gros problème au Brésil, c’est que c’est un pays riche avec beaucoup de pauvres. C’est une chose incompréhensible. Il y a des gens en dessous du seuil de pauvreté, c’est ce qu’il y a de plus triste au Brésil.
Vous avez une grande famille. Était-ce un choix ou une coïncidence ?
Ils sont venus… simplement. Les mères sont différentes. Les enfants sont de très bons amis et ils sont tous très talentueux. Une grande star est Mart’nália et il y en a une autre Maira Freitas, diplômée en musique et qui chante aussi très bien. Je suis très proche de la famille. Je pense qu’il y a des gens qui ne sont pas de la famille par le sang mais sont plus famille qu’un parent éloigné avec qui on n’a aucun contact. Les musiciens, par exemple, je les considèrent ma famille, comme le groupe que je vais emmener sur la tournée. Je l’appelle, la famille musicale.
Auriez-vous un passage drôle en studio ou lors d’un concert à partager avec nous ?
Laissez-moi voir ! À Paris, il y a un théâtre qui s’appelle Mogador. Il y a de nombreuses années, un agent a programmé un de mes shows dans ce théâtre. Et le nom du spectacle était nommé juste Martinho da vila, Samba. Ce théâtre, était un théâtre d’opérette et les spectateurs ont cru que c’était une opérette. Ce fut très amusant. Par coïncidence ce jour là, j’étais à moitié aphone, je parlais avec beaucoup de difficulté, mais je riais beaucoup et ils ont ri aussi… ça été une chose merveilleuse, un grand succès.
Qu’est-ce que vous n’avez pas encore fait que vous aimeriez faire ?
Je ne sais pas encore. J’ai fait beaucoup de choses j’ai encore beaucoup à faire mais je ne sais toujours pas ce que c’est ! Je sais juste que j’ai encore beaucoup à faire !
http://www.lacigale.fr/spectacle/martinho-da-vila-3/
Avez- vous aimé cet article? Laissez un commentaire! Partagez!
You may like
-
Monica Lima : la fascination de l’existentiel et la quête du sens contemporain
-
“Natureza Humana” et “2720” récompensés à “Curtas de Vila do Conde” – Portugal
-
Le 2 juillet, la Littérature perd Sophia de Mello Breyner, poétesse portugaise
-
C’est aujourd’hui : le 1er juillet, Amália Rodrigues, la diva du fado, est née
-
Tiago Martins : auteur et influencer d’histoire et gastronomie portugaise
-
Livre de Leonardo Tonus sera publié en Allemagne