INTERVIEW
Ottavio Lourenço?
Sur lL’equilibre entre la musique metal/Hardcore et l’édition litteraire, le musicien, auteur, compositeur, interprète et philosophe……
Sur lL’equilibre entre la musique metal/Hardcore et l’édition litteraire, le musicien, auteur, compositeur, interprète et philosophe……
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3 years agoon
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Alice BarrosNavette Brésil-France, Ottavio Lourenço est le vocaliste d’une bande métal/hardcore surnommé “Choke”, mais avant tout, il est un artiste multi-facette. Il est né à Curitiba au Brésil. Nombreuses de ses paroles sont reprises dans de multiples pays latins-américains. Son influence philosophique l’a amené à se lancer dans le domaine de la production littéraire. En 2013, chez l’Editoria Inverso, il a publié le livre intitulé “Sombrio e Tropical”. En décembre 2014, il est de nouveau publié chez Editora Arte & Letra avec le livre “Contros de Outros Cantos”, une œuvre inspirée de divers films réalisés par le cinéaste anglais Alfred Hitchcock. Il collabore ensuite dans le domaine de l’édition et réalise la traduction de l’œuvre “Eureka – Um poema em prosa” d’Edgar Allan Poe (Zeitgeist). En décembre 2015, l’éditeur Poesias Escolhidas Zeitgeist édite son livre “Vida transitorias” puis en décembre 2016, il est publié par l’éditeur curitibaine Inverso avec le livre “Dias de hoje, ontem e retorno do amanhã – Encontros com o tempo”. En 2020, Ottavio Lourenço rejoint la maison Editions LaPensée Espace littéraire et artistique LDA fondé par Odette Branco et Cristina M Branco en tant qu’éditeur associé et partenaire littéraire. La même année, il gagne le prix littéraire Clarice Lispector attribué par ZL Books comme meilleur éditeur avec le livre “Psicopoesia”.
Ottavio, parlez-nous un peu de vous, de votre parcours personnel avant d’arriver dans la musique.
R – Parler de soi-même n’est pas quelque chose de facile, mais je crois que c’est une question pertinente pour que les autres comprennent l’impact des influences externes dans mon parcours personnel, musical et littéraire. Je suis le fils d’une mère célibataire. Un statut, je pense, récurrent lié au machisme du quotidien brésilien. J’ai étudié tout le long de ma scolarité dans des écoles publiques. Mon rêve était de devenir un joueur de football professionnel, une idée que ma mère ne soutenait pas… (rires) Pendant mon adolescence, elle m’a inscrit dans ce que je considérais comme un collège militaire, qui m’a apporté une certaine discipline mais beaucoup d’indignation et c’est à cette période que je me suis rapproché de la musique.
Depuis combien de temps êtes-vous dans le milieu de la musique ? Qu’est-ce qui vous passionne dans ce domaine ?
R- Je fais de la musique depuis que j’ai quatorze ans mais je suis professionnel depuis mes dix-huit ans. J’ai réalisé ma première tournée en Bolivie, en Argentine et au Brésil en 1997. La situation et le contexte de cette époque étaient très différents de ce qu’on peut voir aujourd’hui. Je fais allusion à la facilité de communication que nous avons actuellement. Après cette tournée réussie en relation publique et critique spécialisée, je n’avais plus aucun doute sur le fait que je dédierais ma vie au monde de l’art.
Quelles sont tes influences musicales et littéraires ? Quelles sont les figures publiques ou artistiques qui t’ont inspiré au cours de ta vie ?
R- Les influences sont nombreuses. Au début de mon activité musicale, Sepultura e Ratos de Porao, ont exercé une influence, davantage sur l’aspect musical mais également en raison de leur engagement politique et social. Désormais, je remarque et apprécie beaucoup d’écrivains et d’artistes dans mon écriture et ma musique. Entre autres : Albert Camus, Emil Cioran, Ludwig Wittgenstein, Hannah Arendt, Mary Shelley, Alfred Hitchcock, Korn, Deathstars, Bajofondo etc…
Comment vous définissez-vous en tant qu’artiste : musicien, écrivain, éditeur ou tout à la fois ?
R – Je pense que la vie est un apprentissage constant et que cela se reflète dans nos actions et performances artistiques. Se réinventer est une réalité permanente, pour cela je me vois comme un être pluriel, un art multiple et inclusif.
Comment conciliez-vous des activités si larges avec votre vie personnelle ?
R – Concilier les activités exige un dévouement, une prestation, de l’observation et de la sensibilité… Ce n’est pas facile, comme peuvent l’être également les activités d’autres personnes dans le cadre de leur propre fonction. La recherche d’un équilibre est constante, mais c’est des activités effectuées avec beaucoup de passion et cette idée m’apporte beaucoup. Les gens ne sont pas toujours attentifs ou conscients des mouvements autour d’eux, cela nécessite aussi un regard avec un certain filtre dans la vie de tous les jours.
Comment voyez-vous la fin de cette crise sanitaire et humaine qui affecte aussi le monde artistique ?
R – La fin ? Je pense que le vaccin sera la seule manière viable, imaginable pour retrouver la vie et d’en profiter avec un minimum de sécurité et de respect collectif.
En ce qui concerne votre futur dans la musique, dans l’art, à quoi aspirez-vous ? Quels projets avez-vous actuellement ?
R- Les aspirations sont nombreuses ! Oui, nous avons quelques projets avec Choke mais également un nouveau projet musical avec le musicien français Sacha Majetniak. Nous préparons et avons déjà un nom pour ce projet en duo : Un masque. J’écris aussi depuis quelque temps mon nouveau livre : Amálgama Transylvania, en plus des livres que j’édite pour certains auteurs. Comme l’auteur Paulo de Almeida par les Éditions De LaPensée.
Existe-t-il des différences substantielles entre le milieu artistique européen et brésilien ?
R- Chacun de ces milieux a des caractéristiques propres à lui, mais la longévité et l’environnement commun qui existe en Europe est très parlant par rapport à celui présent au Brésil. Denis Diderot a été le premier auteur à considérer l’acte d’écrire, l’écrivain comme un professionnel. Ce qui encore au Brésil est vu avec une certaine méfiance et on perçoit les écrivains qui s’y adonnent comme des personnes “sans occupations” sérieuses.
Arrivez-vous à vous sentir “à la maison” quand vous performez ou êtes présent au Portugal ?
R- Oui, beaucoup ! Et c’est presque incroyable ! J’ai découvert le Portugal en 2016 et j’ai depuis fréquenté ce pays pour des rendez-vous professionnels et également pour des relations amicales qui se sont construites à cette période. Je me sens très bien accueilli au Portugal et je suis très reconnaissant de pouvoir vivre ces possibilités, ces expériences avec ces personnes et ces artistes, que ce soit au cours d’événements ou de moments de nos vies en commun.
Vous avez aussi voyagé plusieurs fois à Paris. Vous retrouvez dans ce Paris actuel, l’état d’esprit littéraire et philosophique que l’on attribue à cette ville ? Quel point de référence trouvez-vous là-bas ?
R- J’ai découvert Paris en 2011, je n’avais aucune relation ni lien avec cette ville… Mais c’est justement à cette période que j’étudiais la philosophie et c’est là-bas, que je me suis rendu compte de l’énorme inspiration et influence que j’ai reçu du mouvement des lumières françaises : Denis Diderot, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, la musique française… Et aussi tout le circuit et mouvement philosophique existentialiste et phénoménologique : Jean Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Simone de Beauvoir… J’ai compris la naissance et l’influence du cinéma que j’appréciais tant, depuis les frères lumières jusqu’à Truffault.
Quels sont les endroits que vous aimez fréquenter ?
R- J’apprécie particulièrement le “Café Select”, qui m’a représenté et son ambiance très inspirante ; le cinéma, des personnes qui lisent, de l’art ! Il y a tellement d’autres endroits et les citer provoquera forcément quelques oublis et failles de ma part. Profiter de l’atmosphère parisienne est un sentiment presque magique.
Comment vivez-vous ce va-et-vient entre Paris et le Brésil ?
R- En France, plus précisément à Paris, je me sens accueilli… J’ai effectivement tellement voyagé que beaucoup de liens artistiques, émotionnels se sont tissés entre cette ville lumière et moi. Savourer le moment est une émotion merveilleuse de l’existence, et quand je suis ici, je le suis totalement.
Vous êtes-vous senti divisé à un moment donné ?
R – Je pense que c’est important de ne pas se sentir divisé, et le fait de beaucoup voyager tout au long de ma vie m’a permis d’acquérir la capacité d’apprécier correctement l’atmosphère et toutes les ambiances des pays concernés. Se déplacer nous permet de percevoir les différences culturelles et sociales et me permet de développer un capital culturel. Je pense que ce qui représente vraiment un pays, c’est son peuple et les comprendre me fait me sentir plus proche d’eux dans l’altérité, que ce soit au Brésil ou ici, en France.